
Au Nigeria, le MMA gagne le coeur des spectateurs

Vendredi soir, des milliers de spectateurs se sont pressés dans l'arène pour assister à un championnat de MMA à Lagos, la vibrante capitale commerciale du Nigeria, où 18 combattants de huit pays africains se sont disputés la victoire.
Cette ligue de MMA (arts martiaux mixtes), l'African Knockout Championship, a vu le jour en 2020 sous la forme d'une émission de téléréalité à Lagos au moment où les restrictions liées au Covid-19 s'assouplissaient.
Si le football reste le sport roi dans le pays le plus peuplé du continent, les sports de combat connaissent un certain succès et ont produit des champions continentaux et mondiaux, comme Israel Adesanya et Kamaru Usman.
Ce championnat est "motivé par le fait que l'Afrique ne dispose d'aucune plateforme entièrement dédiée aux talents africains pour se faire connaître au monde entier et progresser vers les scènes internationales", a déclaré à l'AFP Ryan Fayad, un Libanais qui vit au Nigeria depuis 13 ans et directeur général d'African Knockout.
- "Pas une question d'argent"-
"Ce n'est pas une question d'argent", a déclaré à l'AFP Jibrin Inuwa Baba, 28 ans, quadruple médaillé d'or national de kickboxing.
"J'ai décidé de pratiquer ce sport par amour du sport et par amour de la compétition", a-t-il expliqué.
Il a ajouté que si le MMA se développe "rapidement au Nigeria", il reste encore beaucoup à faire.
"Nous sommes encore en phase de progression, et je pense que nous n'avons pas encore atteint notre objectif", a déclaré M. Baba, titulaire d'un diplôme en génie civil.
Environ la moitié des 18 combattants du soir étaient Nigérians, dont Richard Muzaan, qui a remporté une médaille d'or en kickboxing lors du festival national des sports le mois dernier. Des combattants venus d'Égypte, d'Angola, du Togo, du Burkina Faso et du Cameroun étaient également au programme.
Le Camerounais Styve Essono, qui a battu le Nigérian Damilare Abdulrahim, a déclaré que sa victoire "lui ouvrirait de nombreuses opportunités".
- "Beaux combats"-
La foule a rugi au rythme des coups de pied et de poing. Le Burkinabè Abdulrazak Sankara a mis KO le Nigérian Daniel Iwuoha au deuxième round de leur combat dans la catégorie poids légers.
La performance courageuse de l'Angolais Andre Mukisi, qui s'est battu jusqu'à la victoire contre le Togolais Fred Kudzete malgré une fatigue évidente, a été l'un des moments les plus applaudis de la soirée.
"Le public est venu pour voir de beaux combats, pas vraiment pour soutenir les combattants nigérians", a déclaré à l'AFP Lois Ogunniyi, 30 ans, qui travaille dans les médias et gère Fist2Fist, une petite communauté en ligne de fans de MMA.
"C'est la deuxième fois que je viens ici et je dois dire que c'est vraiment cool", a déclaré George Seven, un créateur de mode.
Malgré l'intérêt croissant et l'optimisme sur les perspectives d'exportation du championnat vers d'autres pays africains, Ryan Fayad a expliqué que le manque d'infrastructures et l'absence de soutien institutionnel entravent le développement de ce sport au Nigeria, à commencer par le manque de salles adéquates et les problèmes d'obtention de visas pour les combattants.
"Nous espérons que le gouvernement nous aidera à accéder à des infrastructures adéquates", a déclaré M. Fayad. "Si nous disposions d'infrastructures adéquates, les gens iraient dans les stades pour regarder les combats".
Pour le combattant Jibrin Inuwa Baba, il est essentiel de cultiver le vivier de talents amateurs dont dispose le pays.
"Partout où le sport amateur n'est pas solide, le niveau professionnel ne peut pas aller très loin", a déclaré le combattant à l'AFP.
U.Moon--SG