Dans ses voeux pour 2026, Poutine dit croire en une "victoire" russe en Ukraine
Vladimir Poutine a déclaré mercredi croire en une "victoire" de la Russie contre l'Ukraine, au moment où Moscou accuse Kiev d'avoir mené une attaque contre une résidence du président russe, faisant craindre un blocage des pourparlers pour trouver une issue diplomatique à près de quatre ans de conflit.
S'exprimant lors de sa traditionnelle allocution télévisée pour le nouvel an, M. Poutine s'est adressé aux soldats russes participant à "l'opération militaire spéciale" en Ukraine lancée en février 2022.
"Je crois en vous et en notre victoire!", a-t-il lancé, assurant que ses troupes combattaient "pour leur terre natale, la vérité et la justice".
Cette allocution marquait symboliquement les 26 ans de son arrivée au pouvoir : le 31 décembre 1999, son prédécesseur, Boris Elstine, avait annoncé sa démission et la nomination de Vladimir Poutine comme président par intérim.
L'année 2026 va débuter alors qu'une issue diplomatique au conflit en Ukraine, le plus meurtrier en Europe depuis le Deuxième Guerre mondiale, semble toujours très incertaine, du moins à court terme.
Sur le front, les troupes du Kremlin, plus nombreuses, continuent d'attaquer et de grignoter du terrain, tandis que les négociations patinent.
- "Dérailler" -
Mercredi, l'armée russe a réitéré ses accusations affirmant que l'Ukraine avait attaqué avec des drones une résidence du président Vladimir Poutine, publiant une vidéo montrant un appareil qui aurait été abattu lors de cette attaque, que Kiev dénonce comme mensongère.
Moscou a accusé Kiev d'avoir visé avec 91 drones, dans la nuit de dimanche à lundi, une résidence de Vladimir Poutine située à Valdaï, entre Moscou et Saint-Pétersbourg, et hautement sécurisée.
L'Ukraine a aussitôt démenti, pointé une absence de preuve et soutenu que Moscou cherchait par ce biais à justifier un blocage des négociations pour trouver résoudre le conflit.
La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a accusé mercredi la Russie de chercher à faire "dérailler" les efforts de paix avec l'Ukraine en avançant des accusations "infondées".
Ces accusations jettent en effet le doute sur la poursuite des tractations diplomatiques engagées depuis novembre pour tenter de mettre fin à la guerre.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a prévenu mardi que "les conséquences (de cette attaque) se traduir(aie)nt par un durcissement de la position de négociation de la Fédération de Russie".
L'armée russe a publié mercredi une carte montrant la trajectoire des engins lancés lors de cette attaque présumée, ainsi que le témoignage d'un homme présenté comme un habitant d'un village situé près de cette résidence du président russe.
Pour sa part, l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), qui documente les combats entre la Russie et l'Ukraine, a également mis en doute la véracité de cette attaque.
Il a indiqué mardi n'avoir pas vu d'images amateurs ou de médias russes qui sont "d'habitude" publiées après "des frappes ukrainiennes en profondeur" en Russie, comme celle qui aurait visé l'une des résidences de Vladimir Poutine.
En riposte aux bombardements russes, Kiev mène régulièrement des attaques de drones en Russie, parfois très loin de ses frontières, et ces attaques sont habituellement corroborées sur place par des médias locaux ou des chaînes Telegram.
- "De la lumière" -
Cet automne, les frappes russes ont à nouveau dévasté le réseau énergétique ukrainien, déjà endommagé lors de précédentes vagues de bombardements depuis 2022.
Des centaines de milliers de personnes subissent régulièrement des coupures de courant et de chauffage, parfois sur de longues périodes.
A Vychgorod, près de Kiev, Daria Louchtchyk, a raconté mercredi à l'AFP avoir été privée d'électricité, d'eau et de chauffage pendant cinq jours, par des températures allant jusqu'à -13C°.
Elle tient un salon de beauté où elle a continué à accueillir des femmes souhaitant se faire belles pour le réveillon, utilisant le mode "torche" de téléphone et des bougies comme source d'éclairage.
"Tout le monde s'est adapté et comprend que s'arrêter n'est pas une option", dit-elle. Récemment, un drone russe a survolé son commerce, suscitant une brève "crise de panique" parmi ses clientes.
Neolina, une retraitée ukrainienne vivant à Vychgorod, dit, pour sa part, n'avoir qu'un seul souhait pour 2026: "Qu'il ait de la lumière. Puis tout le reste suivra".
B.Lee--SG