Coeur artificiel: Carmat obtient un nouveau délai pour tenter de trouver un repreneur
Nouveau rebondissement dans le dossier Carmat: le fabricant du cœur artificiel, à court d’argent, bénéficie d’un sursis pour relancer un appel d’offres auquel le repreneur dont la proposition avait été recalée fin septembre souhaite participer à nouveau.
Le tribunal des affaires économiques de Versailles a décidé mardi de renvoyer au 25 novembre l'examen de la requête en liquidation judiciaire de la société placée en redressement judiciaire depuis le 1er juillet.
Le coeur artificiel de Carmat est destiné aux patients qui souffrent d’insuffisance cardiaque terminale dans l'attente d'un coeur humain disponible pour une transplantation.
Ce nouveau report a été décidé parce qu'"un nouvel appel d'offres va être lancé", avec "l'espoir d'avoir une offre concrète déposée d'ici cette date", a précisé à l'AFP le directeur général de la société, Stéphane Piat, qui n’a jamais cessé de croire en un redressement possible.
"Il avait été envisagé à un moment que soit déclarée aujourd'hui la liquidation judiciaire. Ce n'est pas le cas", a confirmé à l'AFP le président du conseil d’administration de Carmat, Pierre Bastid, à la sortie de l'audience.
"J'ai convaincu le tribunal qu'il y avait de bonnes raisons de ne pas prononcer la liquidation judiciaire aujourd'hui, mais cela ne veut pas dire que c'est gagné", a-t-il souligné. Il portera "une nouvelle proposition de reprise" aux côtés d'autres investisseurs.
- 122 coeurs implantés -
Lors d’une première audience le 19 août, le tribunal lui avait accordé un délai supplémentaire pour la finaliser. Mais, l'offre - jusqu'ici la seule déposée - avait été jugée caduque fin septembre, M. Bastid n'ayant pas réussi à mobiliser les fonds à temps pour tenir les engagements de son plan de reprise.
Pierre Bastid était entré au capital de Carmat en 2016, à l'occasion d'une augmentation de capital à laquelle avaient également pris part deux actionnaires historiques de la société, Airbus et le fonds Truffle Capital, partis depuis.
Il lui reste six semaines, à lui comme à d'autres éventuels investisseurs potentiellement intéressés, pour présenter un plan de reprise de Carmat, née en 2008 et qui tire son nom de la collaboration à se débuts entre son inventeur médical, le professeur Alain Carpentier et des ingénieurs de Matra Defense.
Le coeur artificiel de Carmat comprend une prothèse reproduisant la forme et la fonction d'un cœur naturel et d'une tablette pour régler les paramètres.
Au total, 122 patients ont été traités avec ce coeur artificiel qui, par le passé, a connu des défaillances techniques, dont plusieurs mortelles. Selon M. Piat, il reste à ce jour, dix-neuf implantés dont treize en France.
"Carmat a développé une technologie révolutionnaire, mais avec un modèle d’exécution et de financement trop lourd pour un acteur seul", estime Mohamed Kaabouni, analyste du courtier Portzamparc.
Le coût très élevé du dispositif - 200.000 euros - et son utilisation restreinte à un nombre limité de patients ont fini par rendre son modèle économique intenable.
"On paye ce temps de développement qui a été très long" mais aussi "des problèmes de qualité" qui ont refroidi les investisseurs, reconnaissait M. Bastid fin septembre auprès de l'AFP.
J.Gong--SG