Biathlon: Lou Jeanmonnot, entre victoire et ambiance lourde
Victorieuse pour la première fois de la saison lors du sprint de Hochfilzen (Autriche), Lou Jeanmonnot a alterné vendredi entre la satisfaction d'un succès et l'amertume en raison de l'ambiance lourde au sein de l'équipe de France avec l'affaire Julia Simon.
Côté pile, il y a la manière avec laquelle Lou Jeanmonnot est allée chercher sa victoire sous le soleil sur Tyrol autrichien. Un premier sans-faute sur le pas de tir cet hiver et une très bonne glisse sous les skis.
"La course n'est pas parfaite, dans le sens où le tir n'est pas rapide. Mais je suis fière d'avoir réussi à régler ce tir debout, parce que c'était nécessaire", a expliqué à l'AFP après la course Lou Jeanmonnot.
"J'avais un peu peur de ce tir de manière générale sur les dernières semaines. Valider avec ce plein, ça fait du bien", a souligné la Franc-Comtoise de 27 ans.
"Ça veut dire qu'elle était vraiment présente, elle a su s'adapter, patienter. Elle n'est pas restée stéréotypée. Ca montre un caractère", a apprécié l'entraîneur des Bleues au tir, Jean-Paul Giachino, après la course.
Côté face, il y a toutefois l'amertume d'évoluer depuis plusieurs années dans une ambiance rendue difficile au sein du groupe par l'affaire des cartes de crédit dans laquelle Julia Simon a été récemment condamnée.
- "C'est lourd" -
Visée par deux plaintes pour avoir utilisé à plusieurs reprises à partir de 2021 les cartes bancaires de sa coéquipière Justine Braisaz-Bouchet et de la kinésithérapeute de l'équipe, Julia Simon, décuple championne du monde et lauréate de la Coupe du monde en 2023, a reconnu les faits devant le Tribunal correctionnel d'Albertville le 24 octobre.
Elle a été condamnée à trois mois de prison avec sursis et 15.000 euros d'amende, et a fini de purger le 7 décembre son mois de suspension ferme, sanction disciplinaire infligée par la commission de discipline de la Fédération française de ski (FFS). A Hochfilzen, elle effectue son retour dans le groupe et en compétition après avoir purgé un mois de suspension. Elle a décroché une 19e place sur le sprint.
"C'est lourd, ce n'est pas comme ça que j'aurais voulu vivre ma carrière en équipe de France A. J'aurais aimé que ce soit comme quand j'étais cadette, que j'aille à l'entraînement avec des copines, et heureuse d'y aller. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Mais on a appris à faire avec", a commenté Jeanmonnot au micro de la chaîne L'Equipe.
Une prise de position forte de la part de celle qui est devenue la leader de l'équipe de France féminine au cours des deux dernières saisons, prenant la 2e place de la Coupe du monde en 2023/24 et en 2024/25.
"Là où je suis déçue, c'est pour Justine, parce qu'elle paie beaucoup trop cher des choses dont elle a été victime à un moment donné", a poursuivi Jeanmonnot au micro de L'Equipe, évoquant des menaces de mort sur les réseaux sociaux contre la fille de Justine Braisaz-Bouchet.
- Perrot monte en puissance -
A deux mois des Jeux olympiques de Milan Cortina sur le site d'Anterselva, l'ambiance est donc pesante au sein de l'équipe féminine française, qui avait réussi les deux saisons précédentes à passer outre sur la piste.
"Les jeunes filles ont été suffisamment intelligentes pour mettre leurs problèmes privés de côté sur tous les stages et tous les entraînements et de s'entraîner, et de faire en sorte que sportivement parlant, ça se passe très bien et c'est ce qui s'est passé", avait estimé le patron du biathlon français, Stéphane Bouthiaux début octobre.
Malgré cette affaire, les Françaises ont en effet remporté les deux derniers titres mondiaux en relais, effectuant une vraie razzia en 2024 et 2025. La saison passée, cinq Françaises s'étaient placées aux huit premières places du général.
Samedi pour le relais (4x6 km), le staff de l'équipe de France a sélectionné les quatre premières Bleues du sprint (Camille Bened, Jeanne Richard, Justine Braisaz-Bouchet et Lou Jeanmonnot) et n'ont pas retenu Julia Simon.
A côté de cette ambiance pesante, la valeur montante de l'équipe de France masculine, Eric Perrot est montée en puissance.
Auteur d'un 10/10 au tir, il a pris la deuxième place à quatre secondes de l'Italien Tommaso Giacomel, effaçant immédiatement la frustration d'un premier podium manqué la semaine dernière sur la poursuite à Ostersund.
Y.Wi--SG