Dermatose: Lecornu promet d'accélérer la vaccination, une "urgence absolue"
Sébastien Lecornu a tenté mardi de rassurer les éleveurs très mobilisés dans le Sud-Ouest contre la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse, en promettant "d'accélérer" la vaccination, une "urgence absolue".
"Et pour cela, on a besoin de doses, on a besoin de lever un certain nombre de freins logistiques", a affirmé le Premier ministre devant l'Assemblée nationale, en annonçant la mobilisation des vétérinaires de l'armée.
Il a insisté sur la nécessité de rendre les doses de vaccin disponibles "au plus près" des élevages, évoquant des décisions à venir alors qu'une réunion ministérielle de crise sur cette maladie contagieuse se tiendra à Matignon à 17H30, la deuxième de la journée.
"Nous allons organiser une politique massive, rapide, déterminée de vaccination le plus vite possible en la territorialisant de façon à rassurer les éleveurs", a précisé la ministre de l'Agriculture Annie Genevard qui s'est dite "ouverte à l'extension de la zone" de vaccination.
Au total, 113 foyers de dermatose nodulaire contagieuse ont été recensés en France, depuis l'apparition de la maladie en juin en Savoie. Mais à ce jour, "il n'y a plus de foyers infectieux", a assuré la ministre.
Plus de 3.300 bêtes ont été abattues sur un cheptel national bovins de quelque 16 millions de têtes. Environ un million ont été vaccinées, et de 600.000 à 1 million d'animaux supplémentaires doivent l'être dans une zone du Sud-Ouest présentée par le gouvernement comme "un cordon sanitaire" destiné à protéger les élevages du reste du pays.
- "Amalgame" -
Sébastien Lecornu a par ailleurs dénoncé l'"amalgame" qui a pu être fait entre les éleveurs "et 40 à 50 militants de l'ultragauche (...) venus s'immiscer" dans leurs manifestations avec "des armes par destination". "Il n'y a pas de place pour cette violence", a-t-il lancé en direction des députés de La France insoumise.
Il recevra vendredi les différents syndicats agricoles, dont certains critiquent la gestion de cette maladie et sont aussi indignés par la perspective d'une signature du traité de libre-échange entre l'Union européenne et des pays latino-américains du Mercosur.
Au lendemain d'une visite en Occitanie de la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, la mobilisation des agriculteurs contre la gestion de cette maladie animale ne retombait pas mardi, au septième jour consécutif, avec plusieurs axes routiers et ferroviaires bloqués dans le Sud-Ouest.
Une partie des agriculteurs, surtout de la Coordination rurale, proche de l'extrême droite, et de la Confédération paysanne, classée à gauche, conteste la stratégie d'abattage systématique d'un troupeau de bovins dès la détection d'un cas. Ils demandent la fin de l'abattage total et un élargissement de la zone vaccinale.
- "Mercosur" -
L'exécutif doit par ailleurs gérer une autre colère agricole contre la signature du traité du Mercosur. La FNSEA, premier syndicat agricole, a appelé à manifester à Bruxelles jeudi à l'occasion du sommet des chefs d'Etat européens invités à valider l'accord.
En déplacement lundi soir à Berlin pour des échanges sur l'Ukraine, M. Macron a redit aux dirigeants de l'UE son opposition à la signature de l'accord.
Mais ces efforts sur les deux fronts de la colère agricole paraissent insuffisants à beaucoup de manifestants.
"Au vu des annonces de la ministre (Annie Genevard)", les blocages "ne sont pas près de se lever", a prévenu mardi Guillaume Bénazet, patron des Jeunes Agriculteurs de Haute-Garonne.
En Nouvelle-Aquitaine mardi après-midi, des agriculteurs bloquaient la circulation dans les deux sens sur l'A63 au sud de Bordeaux, perturbant notamment le trafic des poids lourds en provenance d’Espagne.
Des actions étaient également signalées sur l'A64 entre les Pyrénées-Atlantiques et la Haute-Garonne, sur l’A20 autour de Brive-la-Gaillarde (Corrèze) et sur l'A89 (qui relie Lyon) à hauteur de Périgueux en Dordogne et d'Ussel en Corrèze. D’autres actions sont d'ores et déjà prévues mercredi à Limoges, où la Coordination rurale de Haute-Vienne appelle les paysans à monter un mur de foin et de paille devant la préfecture.
En Occitanie, après avoir entravé le trafic ferroviaire entre Toulouse et Narbonne mardi matin, à hauteur de Villefranche-de-Lauragais en Haute-Garonne, des agriculteurs ont investi non loin l'autoroute A61 et installé un point de blocage dans le sens Carcassonne-Toulouse.
E.Ma--SG