
Ukraine : Trump veut que Kiev cède des territoires, le sommet avec Poutine s'éloigne

Le président américain Donald Trump a fait pression vendredi à Washington sur son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky pour que l'Ukraine cède la région orientale du Donbass, afin de mettre fin à la guerre déclenchée en 2022 par la Russie, selon un haut responsable ukrainien.
S'exprimant sous le couvert de l'anonymat, ce dernier a expliqué mardi que M. Trump avait exhorté M. Zelensky à retirer les troupes ukrainiennes des territoires qu'elles contrôlent encore dans cette région industrielle, l'une des principales exigences du chef de l'Etat russe Vladimir Poutine.
La rencontre entre les deux hommes à la Maison blanche a été "tendue et difficile", a ajouté le responsable, soulignant que la diplomatie de Donald Trump sur ce dossier donnait à Kiev l'impression de "tourner en rond".
M. Zelensky espérait alors tirer parti de la frustration croissante du président américain face à la réticence de son homologue russe à accepter un cessez-le-feu.
Mais il est reparti les mains vides après que M. Trump, qui s'était entretenu avec M. Poutine la veille, avait rejeté sa demande de missiles de longue portée Tomahawk et l'avait incité à conclure un accord.
A la suite de sa réunion avec Volodymyr Zelensky, Donald Trump a déclaré sur les réseaux sociaux que leurs discussions avaient été "très intéressantes et cordiales mais je lui ai dit, comme je l'avais également fortement suggéré au président Poutine, qu'il était temps d'arrêter les tueries et de conclure un ACCORD !"
Le président américain a ultérieurement estimé qu'il était nécessaire que toute négociation parte de la situation actuelle sur la ligne de front, pour arrêter enfin "les massacres" en Ukraine. "Ils devraient s'arrêter immédiatement sur les lignes de front", a-t-il affirmé dimanche à bord d'Air Force One.
Face à Donald Trump, les dirigeants européens entendent rappeler certains des principes qui les guident depuis l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, à commencer par celui de l'intangibilité des frontières en Europe.
- Rencontre à Budapest ? -
"Nous soutenons fermement la position du président Trump selon laquelle les combats doivent cesser immédiatement", ont ainsi plaidé mardi plusieurs d'entre eux, dont ceux de la France, du Royaume-Uni ou de l'Allemagne, ainsi que Volodymyr Zelensky, tout en considérant que "la ligne de contact actuelle doit servir de base pour les négociations".
Mais, ont-ils aussitôt ajouté, "nous restons attachés au principe selon lequel les frontières internationales ne doivent pas être modifiées par la force".
D'éventuelles concessions territoriales en Ukraine "ne peuvent être négociées" que par son président, a martelé mardi à Ljubljana Emmanuel Macron.
"Nul autre ne saurait le faire et donc c'est à l'Ukraine de décider pour elle-même et son territoire et aux Européens de décider pour eux-mêmes et leur sécurité", a jugé le chef de l'Etat français, dans une allusion au sommet russo-américain prévu prochainement à Budapest.
Mais cette rencontre pourrait ne pas avoir lieu de sitôt.
Donald Trump n'a en effet pas l'intention de rencontrer son homologue Vladimir Poutine dans un "avenir proche", selon un responsable américain.
Cette mise au point concernant une éventuelle prochaine réunion Trump-Poutine à Budapest est intervenue mardi après que le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio s'est entretenu la veille au téléphone avec son homologue russe Sergueï Lavrov.
- Sommet à Bruxelles -
Ceux-ci devaient, avait déclaré le président américain, se voir cette semaine pour organiser un tel sommet avant novembre pour la première fois évoquée le 16 octobre par les deux présidents.
"Une rencontre supplémentaire en personne entre le secrétaire d'Etat et le ministre des Affaires étrangères n'est pas nécessaire et il n'est pas prévu que le président Trump rencontre le président Poutine dans un avenir proche", a dit un responsable du gouvernement américain.
Il a toutefois qualifié la conversation entre MM. Rubio et Lavrov de "productive".
La Russie a de son côté relativisé mardi les chances qu'un sommet ait rapidement lieu, soulignant qu'"aucun délai précis" n'était fixé, insistant sur la nécessité d'un "sérieux" travail préparatoire entre Moscou et Washington.
Les Européens doivent se retrouver jeudi à Bruxelles - à l'exception du Premier ministre britannique Keir Starmer - pour un sommet européen au cours duquel ils espèrent se mettre d'accord sur un soutien financier pérenne à l'Ukraine.
Une réunion de la "coalition des volontaires", qui rassemble les soutiens de Kiev, est en outre prévue pour vendredi.
"Nous élaborons des mesures pour utiliser pleinement la valeur des actifs souverains immobilisés de la Russie, afin que l'Ukraine dispose des ressources nécessaires", écrivent aussi ces dirigeants.
La cheffe de la politique étrangère européenne, Kaja Kallas, a assuré lundi qu'il y avait un "large soutien" au sein de l'Union européenne à la proposition de mobiliser ces avoirs russes gelés, afin d'accorder à Kiev un prêt de 140 milliards d'euros.
Sur le terrain, une attaque de drones russes contre une ville de la région de Tcherniguiv, dans le nord de l'Ukraine, a fait quatre morts mardi, selon les services d'urgence.
B.Lee--SG