
Deux hauts dignitaires chrétiens à Gaza après des tirs israéliens meurtriers sur une église

Les deux plus hauts dignitaires chrétiens de la Terre Sainte se sont rendus vendredi à Gaza, après des tirs israéliens meurtriers sur une église catholique dans le territoire palestinien, qui ont provoqué des condamnations internationales.
Cette rare visite dans la bande de Gaza ravagée par plus de 21 mois de guerre entre Israël et le Hamas, intervient au lendemain des "profonds" regrets exprimés par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, après selon lui un "tir indirect" qui a touché l'église de la Sainte-famille à Gaza-ville.
C'est la seule église catholique de la bande de Gaza, où la guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023.
Israël contrôle strictement l'accès à la bande de Gaza assiégée, où la Défense civile a fait état de 14 morts dans de nouveaux bombardements israéliens.
Le patriarche latin catholique de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, et son homologue grec orthodoxe, Théophilos III, sont à la tête d'une "délégation ecclésiastique" qui s'est rendue à Gaza, ont annoncé les deux églises.
Le patriarcat latin de Jérusalem, qui a exprimé "la préoccupation des églises de la Terre Sainte pour la communauté de Gaza", a indiqué que "la délégation rencontrera des membres de la communauté chrétienne locale, présentera ses condoléances et leur apportera son soutien".
- Le pape a parlé avec Netanyahu -
A l'occasion de cette visite, des vivres et du matériel médical d'urgence seront livrés à la population civile au bord de la famine selon l'ONU, ont indiqué le Patriarcat latin et l'église grecque orthodoxe.
En Italie, le chef de la diplomatie, Antonio Tajani, a déclaré que la délégation était arrivée avec 500 tonnes d'aide: "Le gouvernement italien appelle Israël à garantir la sécurité des deux envoyés dans leur importante mission".
Vendredi, le pape Léon XIV, lors d'une conversation téléphonique avec M. Netanyahu, a appelé à "redynamiser les négociations" en vue d'un cessez-le-feu et exprimé "sa préoccupation face à la situation humanitaire dramatique" à Gaza.
Les négociations indirectes entre le Hamas et Israël sont dans l'impasse.
Jeudi, le patriarcat latin a affirmé qu'une "frappe de l'armée israélienne" avait touché le complexe de l'église, où sont réfugiés des centaines de déplacés palestiniens, faisant trois morts et 10 blessés parmi lesquels le père Gabriel Romanelli.
"Israël regrette profondément qu'un tir indirect ait atteint l'église de la Sainte-Famille. Chaque vie innocente perdue est une tragédie", a indiqué M. Netanyahu jeudi.
L'armée israélienne a suggéré "que des éclats d'un obus tiré lors d'une opération dans le secteur ont touché par erreur l'église".
Selon la Maison Blanche, le président Donald Trump a appelé M. Netanyahu au sujet de la frappe jeudi. "C'était une erreur des Israéliens de frapper cette église catholique, c'est ce qu'a dit le Premier ministre au président", a-t-elle précisé.
- "Un abri sûr" -
Pour le patriarcat latin, "viser un site sacré qui abrite environ 600 déplacés, en majorité des enfants, est une violation flagrante de la dignité humaine (...) et du caractère sacré des sites religieux, supposés fournir un abri sûr en temps de guerre".
Depuis le début de la guerre, le père Gabriel Romanelli, blessé à la jambe, dialoguait régulièrement par liaison vidéo avec l'ancien pape François, mort en avril.
Jeudi, Pierbattista Pizzaballa a déclaré à Vatican News: "ce que nous savons avec certitude, c'est qu'un char a frappé directement l'église".
Gaza compte environ un millier de chrétiens, sur une population de plus de deux millions de personnes. La plupart des chrétiens sont des orthodoxes mais, selon le patriarcat, environ 135 catholiques vivent dans le territoire palestinien.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.
Israël a juré de détruire le Hamas et a lancé en représailles une offensive destructrice dans laquelle au moins 58.667 personnes, majoritairement des civils, ont été tuées, selon des données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.
L.Shin--SG