Législatives au Portugal: la droite au pouvoir favorite
Les Portugais élisent dimanche leur troisième Parlement en trois ans, lors de législatives qui pourraient permettre au Premier ministre sortant, Luis Montenegro, de renforcer son étroite majorité de droite modérée après une année au pouvoir.
Les télévisions dévoileront des sondages sortie des urnes après la fermeture des derniers bureaux de vote, à 20H00 locales (19H00 GMT).
La participation jusqu'à midi a été de 25,56%, en légère hausse par rapport à 2024, a indiqué l'administration électorale.
"Personne n'a jamais été aussi transparent que moi", a-t-il assuré lors de son dernier meeting, en réponse au chef de l'opposition socialiste, Pedro Nuno Santos, qui l'a accusé de "mêler politique et affaires" en touchant de l'argent d'entreprises privées après son entrée en fonctions.
Les études d'opinion montrent toutefois que "l'électorat portugais affiche une certaine tolérance face à ce genre de question, et celle-ci n'a clairement pas pris l'ampleur que l'opposition espérait", selon la politologue Filipa Raimundo, de l'Institut universitaire de Lisbonne ISCTE.
- "Faire des compromis" -
"Il faut faire des compromis pour réussir à former un gouvernement réellement capable d'agir", a témoigné à l'AFP Luis Almeida, un électeur de 64 ans, en regrettant que les principaux partis soient "divisés par des questions personnelles".
Dans le dernier sondage publié par les médias locaux, la coalition gouvernementale, l'Alliance démocratique (AD), était créditée de 34% des intentions de vote, contre 26% pour le Parti socialiste (PS).
Le parti d'extrême droite Chega ("Assez") pourrait recueillir 19% des voix, soit un peu plus que son score aux législatives de mars 2024, et ainsi consolider son statut de troisième force politique du pays.
Comme le Premier ministre a toujours refusé de gouverner avec le soutien de l'extrême droite, il espère bâtir une majorité plus solide en s'alliant à la formation Initiative libérale, créditée de 7% des intentions de vote.
"J'ai beaucoup de confiance dans les Portugais et la stabilité que nous pouvons obtenir avec ces élections", a déclaré M. Montenegro après avoir voté dans son fief de Espinho, ville côtière du nord du pays.
Doté d'une majorité relative, il était jusqu'ici pris en tenaille par l'extrême droite et le Parti socialiste, battu de justesse en 2024 après huit années au pouvoir.
- Politique migratoire -
"C'est toujours important de venir voter, surtout pour essayer de clarifier la situation politique", a commenté Ana Figueira, une assistante hospitalière de 57 ans, après avoir jeté son bulletin dans un bureau de la banlieue sud de la capitale portugaise.
L'autre incertitude du scrutin concerne le résultat de l'extrême droite, qui a connu une croissance fulgurante depuis la fondation de Chega, en 2019. L'an dernier, cette formation a obtenu 18% des voix, passant de 12 à 50 députés.
La campagne de son président André Ventura, un ancien commentateur de football de 42 ans, a été perturbée par deux malaises dont il a été victime devant les caméras de télévision.
Mais le débat politique s'est porté sur des thèmes favorables à la rhétorique d'extrême droite, comme l'éthique des responsables politiques ou l'immigration.
Le Portugal a vu le nombre d'étrangers quadrupler depuis 2017, atteignant désormais environ 15% de la population, sur 10 millions d'habitants au total, et l'exécutif de M. Montenegro a déjà durci la politique migratoire du pays, qui était une des plus souples d'Europe sous le précédent gouvernement socialiste d'Antonio Costa.
"Le pays a besoin d'immigrés, mais il n'arrive pas à accueillir tous ceux qui arrivent", a estimé Tiago Manso, un économiste de 33 ans originaire du Brésil, qui votait pour la première fois au Portugal.
R.Song--SG