L'Eurogroupe élit son nouveau chef, en plein débat sur les avoirs russes
Un ministre grec ou un ministre belge à la tête de l'instance qui réunit les pays de la zone euro? L'Eurogroupe élit jeudi son nouveau président, en plein débat sur la question - sensible - de l'utilisation des avoirs russes pour aider l'Ukraine.
Kyriakos Pierrakakis, 42 ans, veut incarner la "résilience" de son pays après la tourmente des années 2010, lorsque la crise de la dette grecque avait menacé de faire imploser la zone euro.
Il n'est chargé des finances de son pays que depuis mars, mais peut faire valoir son expertise en matière de transformation numérique de l'Etat dans ses précédentes fonctions ministérielles, notamment à l'Education.
En face, le ministre belge du Budget Vincent Van Peteghem, 45 ans, qui met en avant son expérience des sujets européens et sa pratique des compromis dans les coalitions fédérales auxquelles il participe depuis 2020.
Il est un fervent défenseur de l'assainissement des finances publiques en Belgique, pays qui affiche l'un des pires taux d'endettement de la zone euro.
Mais sa candidature intervient dans un contexte de tensions au sein de l'UE en raison du blocage belge sur les avoirs russes.
La Belgique s'oppose fermement à un projet de l'UE visant à financer un prêt à Kiev en l'adossant aux avoirs de la Russie, gelés depuis l'invasion de l'Ukraine et qui sont pour l'essentiel conservés à Bruxelles par la société Euroclear.
Le gouvernement belge a exprimé de vives réserves quant au risque de représailles juridiques et financières de la part de Moscou et réclame de solides garanties aux autres pays de l'UE.
Cette question épineuse du financement de l'Ukraine sera d'ailleurs au menu d'un dîner qui réunira jeudi soir les ministres des Finances de l'ensemble de l'Union européenne, et surtout d'un sommet des dirigeants de l'UE la semaine prochaine.
- Nomination à Francfort -
Les deux candidats à la présidence de l'Eurogroupe, tous deux membres de partis de droite, se sont lancés après la démission surprise de l'Irlandais Paschal Donohoe, qui exerçait la fonction depuis 2020 et avait été réélu il y a quelques mois seulement.
Cette instance, créée en 1997, coordonne les politiques économiques et budgétaires des 20 pays de la zone euro, bientôt au nombre de 21, la Bulgarie s'apprêtant à adopter la monnaie unique le 1er janvier prochain.
Le président de l'Eurogroupe est chargé de préparer les réunions mensuelles des ministres des Finances de la zone euro et la représente dans différents organismes internationaux (FMI, Banque mondiale, G7 Finances...), ce qui lui procure une stature internationale.
Le vote, à la majorité simple, se déroulera dans l'après-midi à Bruxelles.
Parallèlement, l'Eurogroupe va lancer officiellement jeudi le processus de nomination pour un autre poste européen convoité: la vice-présidence de la Banque centrale européenne (BCE).
Il s'agit cette fois de trouver un successeur à l'Espagnol Luis de Guindos, dont le mandat au sein de l'institution installée à Francfort s'achèvera fin mai 2026.
L'Eurogroupe joue un rôle central dans ce processus car il devra sélectionner début 2026 l'une des candidatures proposées par les pays de la zone euro. Leur choix devra ensuite être validé par les dirigeants des 27, après consultation du Parlement européen et du conseil des gouverneurs de la BCE.
La succession de M. de Guindos est considérée comme un tour de chauffe avant l'expiration en 2027 des mandats de trois des six membres du directoire de la BCE, dont celui de la présidente Christine Lagarde qui devrait attirer les convoitises de plusieurs pays.
P.Hwang--SG