Dans le doute sur l'état de l'économie américaine, les Bourses se montrent prudentes
Les Bourses mondiales marquent le pas vendredi, les investisseurs s'interrogeant sur l'état réel de l'économie américaine et l'évolution de la politique monétaire des Etats-Unis, après le manque de statistiques économiques pendant plusieurs semaines du fait de la paralysie budgétaire.
En clôture, l'indice CAC 40 à Paris a cédé 0,76%, Francfort a cédé 0,69% et Londres a perdu 1,11%.
Sur la semaine cependant, les trois indices européens concluent largement en territoire positif: la Bourse de Paris engrange un gain hebdomadaire de 2,77%, Francfort de 1,30% tandis que Londres a grappillé 0,76%.
A New York, les indices qui avaient tous commencé dans le rouge, se redressaient vers 16H45: le Nasdaq à dominance technologique gagnait 0,54%, le S&P 500 0,23% mais le Dow Jones cédait 0,50%.
"On n'a pas eu de données économiques pendant plusieurs semaines, donc on a du mal à juger de l'état de l'économie américaine, c'est le gros sujet", a indiqué Nicolas Lasry à l'AFP, gérant actions pour Mandarine Gestion.
La fin de la paralysie budgétaire aux Etats-Unis avait d'abord soulagé les marchés, poussant même des indices européens jusqu'à des niveaux record durant la semaine, mais elle laisse désormais place à un flou statistique. Le +shutdown+ a retardé la publication de données économiques cruciales, notamment du côté de l'inflation et de l'emploi, deux critères clés pour la politique monétaire de la Fed.
Nicolas Lasry souligne que "les attentes de baisses des taux de la Fed pour décembre sont en train de tomber", plombées également par des discours de membres de la Banque centrale "moins accommodants".
La présidente de la Fed de Boston, Susan Collins, a par exemple affirmé qu'elle voudrait d'abord s'assurer que l'inflation décélère "durablement", avant de baisser les taux.
Les acteurs du marché sont désormais très partagés quant à une nouvelle réduction des taux en décembre, selon l'outil de veille CME FedWatch.
Les investisseurs se montrent aussi nerveux quant aux fortes valorisations des géants de la tech: "il y a beaucoup de projets de développement de centres de données qui sont financés par de la dette dans un environnement où les conditions de financement pourraient être moins accommodantes", souligne encore le gérant de Mandarine Gestion.
Parmi les autres incertitudes, figure l'impact des droits de douane américains. Ceux-ci "pourraient entraîner une baisse cumulative du PIB américain d'environ 1,0%", estime Gregory Daco, économiste en chef d'EY-Parthenon dans une note.
Ils pourraient aussi nourrir l'inflation américaine. Est-ce une des raisons pour laquelle Donald Trump, qui a à coeur de voir les taux de la Fed baisser, se montre "plus pragmatique" sur les accords commerciaux, s'interroge Nicolas Lasry.
Le gouvernement américain a annoncé vendredi avoir conclu un accord avec la Suisse, qui fera baisser les lourds droits de douane frappant les produits helvétiques de 39% à 15%.
Incertitudes autour du budget britannique
Le Premier ministre Keir Starmer et la ministre des Finances Rachel Reeves ont abandonné leurs propositions initiales de rehausser l'impôt sur le revenu, d'après le Financial Times.
Le taux d'emprunt des bons du Trésor britannique ("gilts") à échéance 10 ans a grimpé à 4,54%, contre 4,44% en clôture jeudi, après une envolée initiale qui l'avait porté à un plus haut depuis mi-octobre.
Le luxe suisse décolle avec Richemont
Le géant suisse du luxe Richemont, dont le fondateur a rencontré Donald Trump la semaine dernière pour évoquer les droits de douane, a décollé à la Bourse de Zurich (+5,85%) après la publication d'un solide chiffre d'affaires semestriel, dopé par la joaillerie.
Le groupe propriétaire notamment de Cartier et des marques de montres Piaget et Vacheron Constantin a signalé une embellie en Chine et à Hong Kong.
Siemens Energy recherché
Siemens Energy (+9,35%) a séduit les investisseurs avec des résultats annuels solides assortis de prévisions de croissance plus ambitieuses qu'attendues.
Le pétrole remonte, le bitcoin chute
Les cours du pétrole montent à la suite d'une attaque ukrainienne sur un port russe et sa raffinerie, susceptible de perturber l'approvisionnement en or noir.
Vers 16H30 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord prenait 2,33% à 64,48 dollars, quand son équivalent américain, le baril de WTI, gagnait 2,64% à 60,24 dollars.
Le bitcoin, indicateur de prise de risque, chutait de 7,35% à 96.370 dollars.
O.Na--SG