
Commerce: l'espoir grandit dans les discussions entre Washington et Pékin

La Chine et les États-Unis ont repris mardi à Londres leurs négociations commerciales pour consolider la trêve fragile arrachée il y a un mois à Genève, Washington semblant envoyer des signaux encourageants sur leur issue.
Ce nouveau cycle de discussions est scruté attentivement par les marchés, qui espèrent des progrès aussi significatifs que lors des négociations suisses: Pékin et Washington s'étaient alors entendus sur une réduction substantielle de leurs taxes douanières respectives pendant 90 jours.
"Nous avons discuté toute la journée d'hier et je m'attends à ce que ce soit encore le cas aujourd'hui. Tout se passe bien", a déclaré sur Bloomberg TV le secrétaire d'Etat au Commerce américain, Howard Lutnick, à son arrivée mardi pour ce deuxième jour de négociations.
Donald Trump avait affirmé lundi avoir "de bons échos". "Tout se passe bien avec la Chine. Mais la Chine n'est pas facile", a-t-il dit. "Nous souhaitons ouvrir la Chine et si nous n'y parvenons pas, nous ne ferons sans doute pas de geste" en leur faveur.
- Marchés rassurés -
Les terres rares chinoises constituent un enjeu clef des négociations, les Etats-Unis souhaitant rétablir le rythme des expéditions de ces métaux stratégiques, bien plus bas "que celui considéré comme optimal par les entreprises", a souligné sur CNBC Kevin Hasset, principal conseiller économique de M. Trump.
Or ces matières premières, dont les expéditions pâtissent de la guerre commerciale mondiale lancée début avril par le président américain, sont cruciales pour les batteries électriques, les éoliennes ou encore les systèmes de défense (missiles, radars, satellites).
La Chine aimerait de son côté que les États-Unis reconsidèrent certains contrôles aux exportations sur ses produits. Interrogé sur cette possibilité, M. Trump s'est contenté d'un "nous verrons bien" évasif.
Pour M. Hassett, l'objectif est "une franche et forte poignée de main" après laquelle "le contrôle des exportations par les Etats-Unis sera levé et les terres rares arriveront en quantité".
Selon Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank, les marchés ont été rassurés lundi par "des rumeurs" selon lesquelles "les États-Unis pourraient être disposés à faire des concessions".
"Les investisseurs sont prêts à s'accrocher à toute nouvelle positive concernant le commerce", relève pour sa part Kathleen Brooks, directrice de recherche pour XTB, au point se satisfaire de la seule prolongation des discussions --qui se déroulent au prestigieux Lancaster House, au cœur de Londres.
La Chine est représentée par son vice-Premier ministre, He Lifeng, comme à Genève, accompagné de son ministre du Commerce Wang Wentao et du représentant au Commerce international, Li Chenggang.
Côté américain, Howard Lutnick est accompagné par le secrétaire au Trésor, Scott Bessent et le représentant de la Maison Blanche pour le Commerce (USTR), Jamieson Greer.
- Dégâts réels -
Cette rencontre à Londres est organisé après un accès de tension, Donald Trump accusant il y a une dizaine de jours Pékin de ne pas respecter les termes de l'accord de désescalade signé à Genève.
Puis l'Américain et son homologue chinois Xi Jinping se sont entretenus jeudi dernier par téléphone, un échange jugé positif par le locataire de la Maison Blanche.
En Suisse, Washington avait accepté de ramener les droits de douane sur les produits chinois de 145% à 30%, en échange d'un mouvement similaire par Pékin de 125% à 10% sur les produits américains, pour 90 jours.
Mais les conséquences de la guerre commerciale sont déjà réels, avec une baisse de 12,7% des exportations chinoises vers les Etats-Unis en mai par rapport à avril, selon les statistiques officielles de Pékin.
Tout en travaillant à la normalisation des relations avec Washington, le gouvernement chinois s'est lancé dans des discussions avec ses autres partenaires pour constituer un front commun face aux États-Unis.
Xi Jinping a d'ailleurs invité mardi son homologue sud-coréen récemment élu, Lee Jae-myung, à travailler avec lui pour "préserver conjointement le multilatéralisme et le libre-échange", selon un média d'Etat.
A.Byun--SG