
La Banque de France veut tester la résistance des fonds en cas de crise

La Banque de France veut tester la résistance des fonds d'investissement en cas de crise financière, en les soumettant cette année à un "stress test", habituellement réservé aux banques et assurances.
"L'ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, NDLR) et la Banque de France travaillent cette année, conjointement avec l'Autorité des marchés financiers, à l'élaboration d'un exercice pilote de stress test systémique qui associe des banques, des assureurs et des fonds d'investissement", a déclaré mardi François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, à l'occasion de la présentation du rapport annuel de l'ACPR.
Associée à l'Autorité bancaire européenne (ABE) et la Banque centrale européenne (BCE), la Banque de France organise régulièrement des tests, selon différents scénarios, pour s'assurer de la solidité des acteurs financiers en cas de choc économique.
Les "interconnexions" du système financier actuel "accroissent les risques de contagion", a souligné la secrétaire générale de l'ACPR Nathalie Aufauvre, alors que les fonds d'investissement ont un rôle croissant dans le financement des entreprises.
- Risques en cascade -
M. Villeroy de Galhau a par ailleurs appelé mardi banquiers et assureurs à se méfier de la volatilité des marchés financiers et des risques de non-remboursement de certains prêts aux entreprises.
Les banques ont mis de côté des milliards d'euros pour faire face aux risques de défaut des entreprises endettées, qu'il s'agisse de grands groupes ou de PME .
"Le risque de marché et d'instabilité financière (...) s'accroit avec l'imprévisibilité américaine", a souligné le gouverneur.
Mais là où la Banque de France s'inquiète d'abord du risque, certains banquiers y voient aussi une opportunité.
Les banques d'investissement et de financement profitent en effet depuis le début de l'année de la forte volatilité des marchés, dans le sillage d'une année record en termes de bénéfices (36,1 milliards d'euros de bénéfice pour les banques françaises, selon l'ACPR).
M. Villeroy de Galhau a aussi évoqué le sujet épineux de la réglementation.
"J'entends ou je lis parfois que la règlementation freinerait le crédit et la croissance, en France et en Europe. C’est faux", a-t-il déclaré, en écho à une interview donnée la semaine dernière par le directeur général de la Société Générale Slawomir Krupa.
- Pointé du doigt -
L'ACPR, gendarme des banques et des assurances, a également fait le bilan mardi de son année 2024, durant laquelle elle a mené plus de 200 missions de contrôle sur place et prononcé trois sanctions contre Treezor (filiale de la Société Générale), la Bred (dans le giron du groupe BPCE) et Tunisian Foreign Bank, pour un total de 5,2 millions d'euros.
Mais la période est agitée pour l'Autorité, mise en cause dans plusieurs dossiers pour un manque de réactivité et d'efficacité.
Son vice-président Jean-Paul Faugère est revenu sur le sort des clients du courtier Pilliot, qui se sont retrouvés en début d'année sans assurance. Après "le moment d'incertitude, de flottement (...) l'essentiel du problème est réglé", a-t-il assuré.
Il a également défendu le rôle passif de l'ACPR dans le dossier Indexia (ex-SFAM), société de courtage en assurance et de vente de smartphones qui a floué des milliers de consommateurs. Et il a appelé au passage les assureurs à être plus vigilants dans le suivi de la distribution de leurs produits.
L'ACPR a également été pointée du doigt il y a quelques semaines par les salariés du Crédit commercial de France (CCF), ex-HSBC France, pour avoir autorisé la vente sans même les entendre de leur société à un acteur bien plus petit, détenu par un fonds américain, qui allait conduire quelques mois plus tard à un plan social d'ampleur.
La Cour des comptes a aussi épinglé cette année l'ACPR pour avoir autorisé un "montage assurantiel risqué" dans un rapport sur le constructeur des emblématiques maisons Phénix, Geoxia, mis en faillite.
D.Gu--SG