
L'ère de Jean-Laurent Bonnafé à la tête de BNP Paribas pourra se poursuivre au delà de 2026

L'ère de Jean-Laurent Bonnafé, à la tête de BNP Paribas depuis 2011, va se poursuivre au delà de 2026 avec le renouvellement mardi de son mandat en tant qu'administrateur et l'extension à 68 ans de la limite d'âge impartie au directeur général de la banque.
Cet homme discret, né en 1961, atteindra en 2026 la limite d'âge actuelle de 65 ans.
A l'issue de "beaucoup de discussions à l’intérieur du conseil d’administration", les délibérations sont arrivées à l'idée qu'"il serait souhaitable que Jean-Laurent, un homme jeune, plein d'énergie (...) puisse avoir la visibilité d'un mandat supplémentaire", a déclaré le président du conseil d'administration de la banque, Jean Lemierre, durant l'assemblée générale des actionnaires.
Le renouvellement du mandat de M. Bonnafé a été approuvé par 99,16% des actionnaires et l'extension de la limite d'âge à 68 ans par 97,17%.
Ingénieur formé à Polytechnique, passionné de mathématiques, Jean-Laurent Bonnafé a commencé sa carrière dans le service public: au ministère de l'Industrie d'abord, puis quelques mois comme conseiller technique au cabinet du ministre du Commerce extérieur.
En 1993, il entre à la BNP, à la direction des Grandes entreprises. Quatre ans plus tard, en 1997, il devient responsable de la stratégie et du développement. Lors de la fusion de BNP avec Paribas en 2000, il copilote le processus d’intégration des deux banques.
Ce père de deux enfants aux cheveux blancs toujours bien coiffés et aux fines lunettes - qu'il passe son temps à remonter - entre au Comité exécutif de BNP Paribas en 2002, chargé notamment d'intégrer la banque belge Fortis de 2009 à 2010, après la crise des subprimes, avant de prendre en 2011 la direction générale.
"Il a fait preuve d'une extrême résilience à cette crise-là et à d'autres crises qui ont eu lieu depuis lors", raconte Maxime Jadot, président du conseil d'administration de l'entité belge du groupe, BNP Paribas Fortis.
Sous sa houlette, la banque, condamnée en 2014 à une sanction faramineuse de 6,6 milliards d'euros de la part des Etats-Unis pour avoir commercé en dollars avec des pays sous embargo américain, notamment le Soudan, l'Iran et Cuba entre 2002 et 2009, parvient à limiter la casse en matière d'image.
- "Flèche en acier trempé" -
Depuis quelques années, BNP Paribas doit faire face aux attaques répétées des associations de défense de l'environnement, qui l'accusent de continuer à financer les énergies fossiles.
Questionné lors de l'assemblée générale par des associations sur la politique climat de la banque, le dirigeant a affirmé que la banque "doit organiser une transition", tout en ajoutant qu'il n'était "pas question que la banque embarque dans son bilan des projets à financer qui n'auraient pas de sens économique" pour remplacer les énergies fossiles.
Jean-Laurent Bonnafé, qui ne cherche pas la lumière, exprime au besoin ses opinions de manière tranchante.
M. Jadot estime que le banquier pourrait être comparé à "une flèche en acier trempé" car "il va droit au but et très loin", tout en faisant preuve de "résilience".
Du côté syndical cette image fait sourire.
Il est "perçu comme un mercenaire" par certains salariés, estime un acteur du monde syndical: quelqu'un qui est là pour "bien gérer la banque, moyennant rétribution et qui est prêt à réaliser absolument tout ce qu'on lui demande".
"S'il a un mandat du conseil d'administration pour faire une économie qui peut avoir des conséquences sociales, il l'appliquera de la même manière", assure cette personne qui tient à garder l'anonymat.
Selon un grand patron français, client de BNP, "il n'y a pas l'épaisseur d'un papier à cigarette" entre Jean-Laurent Bonnafé et Jean Lemierre, dit-il à l'AFP pour décrire le duo qui oeuvre à la tête de la première banque française.
Ses collaborateurs soulignent sa proximité avec les clients, qu'il rencontre aussi souvent qu'il le peut.
"C'est un homme très simple, très pédagogue, avec lequel discuter est toujours un vrai régal", confirme le président de Vinci Xavier Huillard à l'AFP. "Il a à la fois une culture économique et une connaissance très large et très profonde des métiers de la finance."
Forte de recettes et d'un bénéfice en hausse en 2024, BNP Paribas a confirmé ses objectifs pour 2026. Elle compte finaliser en 2025 l'acquisition de la filiale de gestion d'actifs de son compatriote Axa.
E.Jung--SG