
"Nous défendons l'Amérique!": à New York, la colère contre Trump

"J'ai peur qu'il ne veuille plus quitter le pouvoir". Comme des milliers de New-Yorkais qui ont défilé samedi contre Donald Trump, Daniel Wood se dit "très inquiet" face à ce qu'il juge être une dérive autoritaire du président américain.
Présent dans le cortège qui a défilé dans Manhattan sous un doux soleil d'automne, ce retraité en veut beaucoup aux partisans du président de l'accuser, lui et les autres manifestants, de promouvoir la "haine de l'Amérique".
"C'est exactement l'inverse! Nous défendons les principes fondateurs de l'Amérique, qui s'est constituée contre le fait d'avoir un roi, sur les principes de démocratie, de liberté de pensée et d'expression", dit-il.
Au milieu d'une marée de drapeaux américains et de pancartes moquant le chef de l'Etat (caricaturé en monarque, en clown, en bagnard), son épouse Barbara abonde.
"J'ai été avocate toute ma vie, donc vivre une période comme celle-ci c'est presque complètement à l'opposé de tout ce que j'ai toujours fait: il n'y aucun respect pour les lois, tout est affaire d'argent, de transactions, d'intérêts...", lance-t-elle.
Réunis sur la célèbre place de Times Square au cri de ralliement "No kings" (pas de rois) à l'appel d'une coalition de plusieurs associations, les manifestants ont convergé sur la 7e avenue pour descendre vers le sud de l'île dans un cortège joyeux et sonore.
- "Il faut que ça cesse" -
Deborah Miller, la trentaine, a choisi de revêtir un costume de requin: "ce gouvernement est ridicule, alors je m'habille aujourd'hui de manière ridicule", explique-t-elle.
Elle aussi refuse d'être caricaturée en "gauchiste" ou "Antifa", l'un des qualificatifs auxquels le camp MAGA (en référence au slogan de Donald Trump "Rendre à l'Amérique sa grandeur", ndlr), renvoie parfois l'opposition.
"Je souhaite que l'Amérique retrouve sa vraie grandeur c'est à dire qu'elle redevienne une terre d'accueil pour tous ceux qui croient en leurs rêves et veulent bâtir une vie normale. C'est ça ce pays!".
Erika and Carol, deux femmes afro-américaines venues du Midwest faire du tourisme à New York, regardent passer la manif.
"On est là par hasard mais on est d'accord avec le message", dit l'une. "Donald Trump est quelqu'un qui accentue les divisions dans notre pays, entre les communautés notamment. Il faut que ça cesse", dit l'autre. Les deux préfèrent taire leur nom.
Sur les slogans comme dans les discours, la police de l'immigration ICE concentre une grande partie des attaques.
"Venant d'une famille de migrants, je suis particulièrement révolté de voir des gens se faire enlever dans la rue par des policiers masqués", rapporte Cristiano, 24 ans, qui lui non plus ne souhaite pas donner son nom de famille.
Si dans la manifestation, tous les âges sont représentés, les seniors sont majoritaires. Peu de très jeunes en revanche, comme Emmanuel, 16 ans, venu de Brooklyn avec sa mère et trois copains.
"Je ne peux pas soutenir un homme qui a si peu d'empathie pour les gens, pour tous ceux qui ne lui ressemblent pas", dit-il à propos de Donald Trump. "J'ai beaucoup d'amis qui pensent comme moi mais ils ne manifestent pas beaucoup. C'est peut-être l'un des plus gros problèmes actuels, cette apathie".
P.Hwang--SG