
La terre tremble à nouveau en Afghanistan, déjà endeuillé par l'un de ses pires séismes

Un nouveau séisme, de magnitude 5,2, a frappé mardi l'est de l'Afghanistan, toujours paralysé après un tremblement de terre dimanche soir qui a fait plus de 1.400 morts et plus de 3.100 blessés.
L'épicentre de ce nouveau séisme se situe à quelques kilomètres à peine de celui qui a fait basculer dimanche aux environs de minuit des milliers de familles dans l'horreur, avec un bilan humain parmi les plus lourds des dernières décennies dans le pays, parmi les plus pauvres au monde.
Aucune victime ni nouveau dégât n'ont jusqu'ici été rapportés et Ehsanullah Ehsan, le chef de l'Autorité de gestion des catastrophes de Kounar, la province la plus touchée dimanche, a affirmé que ce genre de "répliques sont habituelles".
Après le premier séisme, la quasi-totalité des victimes (1.411 morts, 3.124 blessés) ont été recensées à Kounar où, comme ailleurs, les secouristes continuent de fouiller les décombres, alors que des soignants s'attellent à réconforter ceux qui ont désormais tout perdu.
Rahmatullah Khaksar, directeur des urgences d'un hôpital de Jalalabad, chef-lieu de la province de Nangarhar, indique avoir reçu 600 blessés depuis dimanche soir.
"La plupart des patients sont traités en traumatologie, blessés à la tête, au dos, à l'abdomen et aux jambes", dit-il. "Pour ceux qui sont sans proches, nous avons mis à disposition une partie de l'hôpital pour qu'ils y restent jusqu'à ce qu'ils retrouvent leurs familles".
A Genève, Indrika Ratwatte, coordinateur de l'action humanitaire de l'ONU en Afghanistan, a prévenu que "potentiellement, le nombre de personnes touchées pourrait atteindre presque des centaines de milliers" dans un pays où, après quatre décennies de guerre, 85% des habitants vivent déjà avec moins d'un dollar par jour, selon l'ONU.
- "Devoir d'aider" -
D'après Ehsanullah Ehsan, à Kounar, "les recherches n'ont pas cessé" et ce "grâce à la mobilisation de nos employés et d'habitants venus des districts alentours".
"La priorité est d'aider les blessés, puis nous distribuerons des tentes et des repas chauds aux sans-abris", a-t-il affirmé à l'AFP, alors que les secours peinent encore à atteindre certains villages coupés du monde par des glissements de terrain.
Dans la province de Kounar, Oubadullah Stouman a accouru dans la localité de Wadir de son village à la lisière du Pakistan, plus à l'est, pour obtenir des nouvelles de ses proches.
"Ici, les gens sont pauvres, c'est notre devoir de les aider", dit à l'AFP cet Afghan de 26 ans, lui-même sorti brutalement de son sommeil par le séisme, mais dont le village n'a pas été touché.
A Wadir en revanche, "il n'y a plus que des pierres, je ne sais même pas comment décrire cela, c'est très, très dur à voir", lâche-t-il, la gorge nouée.
- Aide internationale -
Des hélicoptères militaires poursuivent leur ballet vers les zones sinistrées, acheminant de l'aide et évacuant des blessés.
L'épicentre des deux tremblements de terre ont été localisés à une trentaine de kilomètres de Jalalabad, à une dizaine de kilomètres de profondeur, ce qui explique le lourd bilan et l'étendue des dégâts.
L'Afghanistan, dont les autorités talibanes ne sont reconnues que par Moscou, souffre des récentes coupes dans l'aide humanitaire internationale, américaine en tête.
Face au désastre de Kounar, les agences onusiennes ont toutes lancé des campagnes d'appel au don et ont déjà débloqué cinq millions de dollars du fonds mondial d'intervention d'urgence de l'ONU.
Londres a annoncé un million de livres pour aider au soutien des familles touchées tandis que l'Union européenne enverra cette semaine 130 tonnes d'aide.
L'Afghanistan est fréquemment frappé par des tremblements de terre, en particulier dans la chaîne montagneuse de l'Hindou Kouch, près de la jonction des plaques tectoniques eurasienne et indienne.
Depuis 1900, le nord-est de ce pays a connu 12 séismes d'une magnitude supérieure à 7, selon Brian Baptie, sismologue au British Geological Survey.
Après leur retour au pouvoir en 2021, les talibans ont été confrontés au séisme le plus meurtrier en 25 ans: en 2023, dans la région d'Hérat, à l'autre extrémité de l'Afghanistan, à la frontière avec l'Iran, plus de 1.500 personnes avaient été tuées et plus de 63.000 habitations détruites.
S.Seo--SG