
Colombie: le candidat blessé lutte "pour sa vie", le jeune auteur des coups de feu inculpé

Le sénateur colombien et prétendant à la présidence blessé par balles samedi "continue à lutter pour sa vie" et l'adolescent qui lui a tiré dessus a été inculpé mardi de "tentative de meurtre".
L'état de santé de Miguel Uribe Turbay, 39 ans, touché de deux balles dans la tête, est "stable mais critique", selon le dernier bulletin de la clinique de Bogota où il se trouve en soins intensifs.
"Miguel est un guerrier. Il continue à lutter pour sa vie", a déclaré mardi devant la clinique son épouse Maria Claudia Tarazona, disant que "l'amour de chaque Colombien et toutes les manifestations" lui ont donné "la force pour affronter les jours les plus difficiles et les plus sombres".
Dimanche, des milliers de personnes sont descendues dans les rues des grandes villes pour allumer des bougies, prier et exprimer leur colère.
Miguel Uribe, membre du parti Centre démocratique, la principale formation de la droite colombienne, s'adressait à des partisans samedi dans un quartier de la capitale quand il a été touché quasiment à bout portant.
Le tireur présumé, âgé de 15 ans, a tenté de s'enfuir mais a été blessé par balles à la jambe par les gardes du corps de M. Uribe puis arrêté.
Opéré, l'adolescent a été inculpé mardi de "tentative de meurtre" et de "port et fabrication d'arme à feu". Il se dit "innocent", selon le parquet.
La procureure générale, Luz Adriana Camargo, a indiqué lundi que le tireur avait probablement été engagé par un "réseau de tueurs à gages" et ne connaissait probablement pas les commanditaires.
S'il est reconnu coupable, il pourrait être condamné à huit ans de privation de liberté dans un lieu adapté aux mineurs.
Une "mesure d'internement préventif" dans un "centre spécialisé" pour mineurs a été prise par un juge, selon le parquet.
L'adolescent a été conduit mardi de l'hôpital vers un bunker du parquet à Bogota, en attendant qu'un lieu soit trouvé où il "ne soit pas en danger", a précisé à l'AFP une source au sein du parquet.
Une photographe de l'AFP a assisté au transfert, marqué par un important dispositif de sécurité avec des dizaines de policiers, des fourgonnettes et un hélicoptère.
La directrice de l'organisme public de protection des mineurs (IBCF), Astrid Caceres, a indiqué que l'adolescent vivait avec une tante car son père n'est pas sur le territoire colombien. Selon les médias locaux, sa mère est décédée.
- "Mafia" internationale? -
Le président de gauche Gustavo Petro a évoqué mardi une "mafia à caractère international" comme possible commanditaire de la tentative de meurtre contre son opposant politique.
Selon lui, il existe "des indices très forts qui sont remontés jusqu'à de hauts dirigeants de l'opposition" et du gouvernement.
L'implication d'une mafia est d'après lui un signe "du coup très dur" porté par son gouvernement au narcotrafic en Colombie, premier producteur mondial de cocaïne.
M. Petro a aussi dit avoir demandé de l'aide dans l'enquête à des "organismes secrets" des Etats-Unis.
Lundi, le chef de l'Etat avait affirmé que le dispositif de sécurité mis en place pour protéger le sénateur Uribe avait été "étrangement réduit le jour de l'attentat".
Le parquet militaire et policier a annoncé l'ouverture d'une enquête en raison de la présence de certains militaires en activité dans le dispositif de sécurité de Miguel Uribe.
Le président Petro a par ailleurs ordonné le renforcement de la sécurité des dirigeants de l'opposition, notamment la figure tutélaire de la droite, l'ex-président Alvaro Uribe (2002-2010), qui n'a aucun lien de parenté avec le jeune sénateur.
L'ex-président Uribe a affirmé lundi avoir été informé par "les renseignements internationaux" d'un supposé projet d'attentat le visant. Et son parti, le Centre démocratique, évoque des mises à prix pour l'assassinat de ses dirigeants.
Depuis l'époque du cartel de Medellin de Pablo Escobar, qui a semé la terreur dans le pays sud-américain dans les années 1980 et 1990, les groupes criminels utilisent des mineurs pour commettre leurs crimes. En général, ces jeunes proviennent de milieux défavorisés ou vivent loin de leurs parents.
R.Seon--SG