
Début du procès pour trafic sexuel du magnat du hip-hop P. Diddy

Figure centrale du hip-hop dont les fêtes opulentes attiraient le gratin du show-biz, P. Diddy a rendez-vous lundi avec la justice américaine à New York, accusé d'avoir mis son empire au service d'un système violent et sans pitié de trafic sexuel.
De son vrai nom Sean Combs, le rappeur et producteur phare de 55 ans, qui a amassé une fortune considérable depuis les années 1990 dans la musique, la mode et les boissons alcoolisées, risque la prison à vie lors de ce procès, l'un des plus attendus de l'année aux Etats-Unis.
Le fondateur de Bad Boy Records, qui a eu sous son aile des stars comme la reine du hip-hop soul Mary J. Blige ou le rappeur The Notorious B.I.G. -- assassiné en 1997 -- est jugé devant le tribunal fédéral de Manhattan pour trafic à des fins d'exploitation sexuelle, transport de personnes à des fins de prostitution, ainsi que des actes d'enlèvement, corruption et de violences regroupés sous l'inculpation d'entreprise criminelle.
En prison depuis huit mois et son arrestation retentissante à Manhattan, il croule en parallèle sous les accusations de violences sexuelles de plus d'une centaine de femmes et d'hommes devant la justice civile.
P. Diddy, aussi appelé Puff Daddy ou Diddy, clame son innocence et a refusé un accord de plaider-coupable proposé par l'accusation, dont les détails n'ont pas été révélés.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, le procès démarre lundi à 08H30 (12H30 GMT) par la sélection du jury, une étape qui pourrait prendre une semaine.
- Scènes filmées -
Le célèbre rappeur et producteur assure n'avoir eu que des relations sexuelles consenties. Son avocat Marc Agnifilo a évoqué un mode de vie "échangiste".
Au coeur des poursuites, qui concernent des faits qui s'étalent sur une période allant de 2004 à 2024, figure l'organisation de marathons sexuels appelés "freak-offs", alimentés par la prise de drogues, et où des femmes étaient contraintes à de longues relations avec des travailleurs du sexe.
Selon l'acte d'accusation, Sean Combs "dirigeait" ses scènes, parfois enregistrées en vidéo et pouvait se montrer menaçant ou violent pour arriver à ses fins. Le parquet fédéral de Manhattan évoque des complices sans les nommer, mais Sean Combs sera le seul accusé.
L'affaire secoue l'industrie musicale américaine, qui a plutôt échappé à la vague #MeToo, à l'exception de la vedette déchue du R&B R. Kelly, condamné à 30 ans de prison pour crimes sexuels en 2022.
"J'espère que (le procès) incitera d'autres victimes à se manifester", dit à l'AFP la cofondatrice de l'organisation Sound Off Coalition, qui lutte contre les violences sexuelles dans l'univers de la musique, Caroline Heldman.
Selon elle, l'industrie musicale est encore un monde où se mélangent "les effets de la célébrité et du pouvoir sur les gens. Cela leur procure un déficit d'empathie, et le sentiment que les règles ne s'appliquent pas à eux."
- Aura -
Depuis les années 1990, P. Diddy est une figure centrale du hip-hop de la "côte est", qu'il a aidé à inscrire dans le paysage musical.
Connu pour son image bling-bling, il avait l'habitude de donner des fêtes somptueuses où se pressait le gratin du show-biz sur la côte huppée des Hamptons, sur la grande île de Long Island, à l'est de New York. Malgré une réputation violente, le natif d'Harlem, père de sept enfants, a longtemps maintenu son aura sur le milieu du hip-hop.
Son procès s'ouvre, comme un symbole, le même jour que le célèbre gala du Metropolitan Museum of Art (Met) de New York, rendez-vous mondain par excellence où il avait encore monté les marches en 2023, au milieu de dizaines d'autres célébrités.
La chanteuse de R&B Cassie, qui a été en couple avec Diddy, sera l'un des témoins les plus attendus. Une vidéo diffusée l'an dernier par CNN et captée par des caméras de surveillance avait montré Sean Combs se déchaîner violemment contre elle en 2016 dans un hôtel de Los Angeles.
Cassie avait ouvert les vannes contre le lauréat de plusieurs Grammy Awards en déposant une plainte civile en 2023, affirmant que son ancien compagnon l'avait soumise à plus d'une décennie de violences et un viol en 2018.
L'affaire s'était immédiatement réglée à l'amiable, mais elle a ouvert la voie à une longue série d'accusations d'agressions sexuelles et de viols.
T.Gil--SG